Le 9 Octobre, le navtex et passageweather.com annonce un bon coup de Levanter. Il est annoncé force 8-9 pour la zone du détroit de Gibraltar pour au moins 24h. On se dit que ca va barder mais qu’on est assez protégé là où on est ; il va juste falloir prendre son mal en patience…On dort mal, forcément, puisqu’on sait ce qui va nous arriver sur la tronche. Vendredi, lever 6h30, ça commence tout juste à souffler. Vers 10h une houle de 2m se lève dans le mouillage et nous ballotte, le plus inquiétant c’est qu’elle déferle à 500m au large derrière nous (apparemment sur un haut fond) et casse devant nous à moins de 50m jusqu’à la plage…pas terrible. On se sent un peu dans la peau du surfeur attendant la vague. On démarre le moteur et à plusieurs reprises on remonte des vagues en marche arrière. On se dit que le mouillage ne va pas tenir avec un vent à décorner les bœufs et des grosses vagues et qu’on ne va pas faire du rodéo avec le moteur pendant 24h. On profite d’une relative accalmie pour remballer notre mouillage, non sans mal ; et aller se mettre à l’abri derrière le brise lame de Puerto Chico juste à côté. Au fur et à mesure pratiquement tous les autres bateaux vont faire de même. Le port est en travaux et avait viré tous les bateaux il y a un mois ; tout le monde y cherche refuge aujourd’hui.
D’énormes vagues défoncent la digue qui est maintenant ouverte sur 250m. Le vent forcit encore, le clapot dans le port est assez conséquent. Ata Jata tient toujours mais c’est le gros stress : des éclairs illuminent le ciel autour de nous toutes les 5 secondes, le vent hurle, par moment il pleut, l’eau fume, il y a des montagnes d’eau qui grignotent la digue derrière nous et à notre droite… « Putain qu’est ce que je fous là !?!? »
Samedi matin, pas dormi ; ça souffle toujours, le vent tourne un peu et nous voilà en plein dans le couloir d’accélération entre la ville et le Rocher. A l’avant chaque rafale s’accompagne d’un « Vlan ! » énorme dans le davier. A la marina Queen’s way de l’autre côté de la digue un plaisancier note une rafale à 59 nœuds (force 11, 100km/h) ! Enfin, à la mi-journée samedi ça se calme, le bateau est tout rouge de poussière, à 15h on s’effondre et on dort !
Le coup de vent annoncé s’est bel et bien transformé en tempête violente de force 11, créant des conditions de mers dantesques. Le stress aura duré 36 heures. Résultat : 2 cargos échoués, 1 sur Europa Point et 1 à Algéciras, tous les deux laissent échapper du pétrole, notre coque pleine de boulettes gluantes peut en attester. Un voilier inhabité de 12m s’est échoué sur la côte.
3 commentaires:
Pioufffff!!!! Eh ba,j'espère que ce sera la dernière grande frayeur pour vous...Ici, toujours le couvercle de grisaille comme tu as pu le constater en revenant dinch nord...Vlà...Pour ma part, le départ est prévu le 1er janvier, direction maroc, pendant 4 mois...Du coup, vos récits donnent encore plus envie de bouger de Lille...
Bon courage alors pour les milles avenir et bon vent.
sofi59
Ata jata uber alles uber alles Ata Jata
(sur l'air des DEAD KENNEDYS sinon ça fait négligé....)
Que de frayeur retrospective...
Ici toujours pareil un hiver à lille ambiance doudoune et nuit à 18h30...
J'pense à vous, et j'vous embrasse
Bonjour,votre bateau n a pas bougé!"lol".
Enregistrer un commentaire